Découverte du monde avec les grands récits Montessori

Les grands récits Montessori : la découverte du monde

En 2016, suite au refus scolaire anxieux rencontré par mon aîné, je me suis penchée sur les pédagogies alternatives. C’est ainsi que j’ai creusé du côté de la pédagogie Montessori en expérimentant un week-end en 6-12 ans à l’école Montessori de Lyon et en me formant en 3-6 ans pendant une semaine de vacances, avec l’institut Apprendre Montessori. En 6-12 ans, j’ai découvert les grands récits Montessori. Ce fut une révélation. Pourtant, bonne élève, je n’ai jamais éprouvé un grand intérêt pour l’histoire géographie, pour les sciences et vie de la terre. J’apprenais. Avec de telles leçons initiatrices, introductrices, ma motivation et ma curiosité auraient été au rendez-vous à n’en pas douter.

Des élèves qui n’ont pas de motivation intrinsèque

Lorsque j’étais maîtresse supplémentaire, je n’avais donc pas de classe attitrée, au sens élèves. Tous les élèves de l’école étaient mes élèves finalement. J’intervenais dans les classes, en co-animation avec l’enseignant ou en prenant des groupes d’élèves pour les faire travailler, à leur rythme, en lecture et en math, dans la salle de classe qui m’était allouée.

Pour aider au bon fonctionnement de l’équipe, j’enseignais aussi la découverte du monde à un groupe de CE1… en fin de journée… autant dire, une heure où tout le monde est à bout… Et beaucoup d’élèves ne supportent pas trop bien le changement de référent : je n’étais pas LEUR maîtresse. Certes, ils me connaissaient, et plutôt bien, mais ce n’était pas pareil…

Ils testaient bien sûr : peut-être que les règles sont plus souples, peut-être que l’on peut faire le clown, s’agiter et perturber le groupe sans que cela ait d’incidences sur notre livret de comportement… ils ont beau savoir que non, que les mêmes règles s’appliquent, que l’on communique énormément entre maîtresses, ils n’ont de cesse d’essayer de faire autre chose que de s’engager dans ce qu’on leur propose d’apprendre.

Je me suis régulièrement demandé : pourquoi autant d’élèves s’agitent, perturbent et semblent si peu s’intéresser à ce qu’on leur « propose » d’apprendre. Là où j’enseignais (REP+), ceux qui venaient parce qu’ils aimaient apprendre, se comptaient sur les doigts des mains dans chaque classe. Enfin, c’est en tous les cas, l’impression que j’en avais.

J’ai commencé cette Découverte du Monde classiquement : les jours de la semaine, les mois, les saisons. J’ai tenté quelques exercices en binôme avec des tris de cartes. Je leur ai aussi donné du matériel pour qu’ils puissent refaire individuellement ce que nous avions abordé (l’ordre des mois, etc.) mais voilà, comme 2 années auparavant, cela ne prend pas… enfin, pas comme je le souhaiterais, pas comme je le rêve…

Les grands récits Montessori à l’école publique

En parallèle, je m’intéresse de plus en plus à la pédagogie Montessori. J’ai bien sûr été subjuguée par le travail mené par Céline Alvarez à Gennevilliers. Cette vidéo allume des étoiles dans mes yeux (et des vidéos, il y a beaucoup d’autres à découvrir sur la chaîne Youtube de Céline Alvarez ou sur le blog La Maternelle des enfants). Et puis, comme je vous l’ai dit, je me suis intéressée à la pédagogie Montessori. Le 2e jour de l’initiation 6-12 ans fut consacré à l’éducation cosmique… kézako ? Mes recherches ne m’avaient pas encore menée jusque-là, et je me demandais bien de quoi nous allions parler…

Si Françoise Néri, directrice de l’école Montessori de Lyon et formatrice, ne nous a pas fait un récit tel qu’il est présenté aux enfants lors des leçons d’éducation cosmique, je suis ressortie de cette séance en me disant que si on m’avait présenté l’histoire, la géographie, les sciences de cette façon, ma curiosité aurait été vivement attisée, particulièrement piquée.

L’éducation cosmique telle que définie par Maria Montessori, ce sont 5 grandes leçons, 5 grands récits qui vont ouvrir la voie à l’étude de nombreux thèmes : pour savoir ce que chaque récit induit comme thématiques d’étude, je vous renvoie aux sites Grandir avec Montessori et Education créative.

Éducation cosmique : le premier des grands récits Montessori

Ainsi le premier grand récit sur l’Univers et la création de la Terre aborde :

  • l’astronomie ;
  • la météorologie ;
  • la chimie ;
  • la géologie ;
  • la géographie ;
  • les sciences physiques.

Je me décidais donc, quitte à ce que cela me prenne quelques séances de découverte du monde, à proposer les 2 premiers récits à mes élèves. Je me suis énormément inspirée du travail fait par Montessori mais pas que et Un petit bout de moi.

Grands récits Montessori
Toucher, soupeser, une pierre volcanique !

J’ai préparé les expériences pour le jour J, travaillé le récit. Il nous aura fallu deux séances pour finir le premier récit. Pas facile de faire profiter 16 élèves des expériences, mais je n’ose imaginer ce que cela aurait donné avec 25 !

L’attention n’est pas toujours au rendez-vous, mais :

  • voir la chute vertigineuse du mercure du thermomètre plongé dans le mélange glace + sel ;
  • se faire surprendre par le ballon qui éclate au moment du big bang ;
  • voir apparaître les balles de pingpong cachées au fond du sable ;
  • ou pouvoir toucher, soupeser une vraie pierre volcanique après avoir vécu les coulées de « lave » d’un volcan reconstitué ;

suscitent un intérêt plus marqué que d’habitude pour une grande partie des élèves.

Premier récit Montessori origine de la terre

Pour faire le lien entre la première et la deuxième séance, j’ai utilisé le livre numérique créé par Montessori chez moi, que j’ai projeté au TBI. Au cours de cette deuxième séance, les questions commencent à fuser… « mais c’est quand les dinosaures ? »… « Bientôt, bientôt. La semaine prochaine, on commence à parler de l’arrivée de la vie sur Terre ».

La 2ᵉ grande leçon Montessori : apparition de la vie sur Terre.

Pour le 2ᵉ grand récit, qui aborde l’apparition de la vie sur Terre et amène à l’étude de :

  • la biologie ;
  • la botanique ;
  • les écosystèmes ;
  • la préhistoire ;
  • la géologie ;
  • la géographie ;

je rassemble des fossiles, projette des images et la frise de la vie de Montessori Anonyme, poursuit avec le livre numérique.

Je n’entre pas trop dans les détails, mais leur attention est captée. Une frise interactive est également disponible sur le site de l’Inrap.

La semaine suivante, grâce au travail de ma maman et ma sœur, je suis en mesure de leur dérouler 46 mètres de ruban noir pour leur montrer le temps qu’il a fallu à la Terre pour se créer, et son si vénérable âge par rapport à notre apparition sur Terre.

La séance n’est pas évidente, ils sont très agités… mais à l’occasion, on reprendra peut-être ce long ruban qui nous parle aussi de grandeurs et mesures…

montessori 2e leçon ruban noir
Grande frise chronologique pour le 2e récit, porte-vue contenant les récits et ruban noir…

Globalement, l’expérience est plutôt positive, ne serait-ce que pour moi, car je vois mieux comment faire du lien avec le programme imposé…

Je m’autorise à partir de notions qui ne sont pas forcément à leur programme, mais qui aident justement à mettre du sens… et qui les intéressent (contrairement à une partie du programme…no comment).

L’expérience est aussi positive pour une partie des élèves, car je sens un meilleur engagement… reste mon petit tiers de classe résistant, dont l’attitude est cyclique, ces élèves qui peuvent nous faire croire un jour que « ça y est, c’est gagné, ils vont se poser un peu, s’intéresser » et qui met à mal notre espoir le lendemain…

Pour ceux-là, je sais que le problème n’est pas seulement la façon d’enseigner et ce que l’on enseigne…
Pour ceux-là, je sais que même s’ils avaient la liberté de choisir le thème qu’ils souhaiteraient approfondir, le chemin serait tortueux…
Pour ceux-là, je dépense une énergie folle, je me sens tellement démunie et je suis en colère, car ils empêchent les autres d’apprendre dans des conditions correctes…

Alors, je vais continuer sur mes deux maigres créneaux de 45′, régulièrement amputés de « gestion de mini-crises », d’essayer de leur donner envie de découvrir, de retenir, de s’enrichir…

On est reparti de la Terre pour zoomer jusqu’à nous. On remplit progressivement ce support coloré et animé, avant d’aborder la notion de plan, de maquette, du quartier, de l’école, de la classe…

Grands récits Montessori
De « ma planète à moi », en passant par mon continent, mon pays, ma ville, mon quartier, mon immeuble… une présentation colorée animée, qui change de la photocopie… une présentation qui demande beaucoup de découpage…

On a également travaillé sur ce qu’est un être vivant et on suit l’évolution de notre bulbe de Jacinthe avec notre petit dessin hebdomadaire d’observation pour lequel tous les enfants sont motivés (si, si, tous !).

Je n’ai plus souvenir d’avoir eu le temps d’aborder la 3ᵉ leçon, celle de l’histoire de l’humanité, à travers le prisme des besoins fondamentaux !

Par contre, nous avions bien mené des séances de travail en grandeurs et mesures (je retrouve ces CE1 une fois par semaine pour travailler les grandeurs et mesures…). Si un jour, vous filmez une de ces grandes leçons, notamment celles sur les mathématiques et l’écriture, prévenez-moi, que je puisse écarquiller les yeux.

Découvrez mes autres pratiques de classe inspirées de ma formation Montessori :

Elsa B

3 réponses

  1. Bonjour,
    Votre expérience de classe est très intéressante. Je ne suis pas institutrice (je suis prof de Français pour adultes) mais j’ai moi-même raconté les 2 premiers récits à mes enfants (et je vais continuer !). Je me suis inspirée d’un livre (Les grands Récits, dans la collection Pas à Pas Montessori, édition ecole vivante) où se trouvent les 5 récits, et des exemples d’activités à faire après. C’est vraiment pratique, les récits sont clairs et scientifiquement justes et j’ai pu montrer des photos de planètes, de fossiles, etc. en même temps que je racontais. Dommage que tous les instituteurs ne soient pas comme vous… et espérons que parler de Montessori puisse faire bouger un peu les choses…

    1. Merci pour votre retour sur cet article et cette expérience et votre adorable message qui me touche et m’encourage. Je connais effectivement la boutique en ligne Pas à Pas, j’ai hésité à commander le livre, mais j’y ai pour l’instant renoncé prise par le temps pour préparer les séances et aussi parce que je ne suis pas sûre d’avoir à nouveau à enseigner la découverte du monde à des élèves l’an prochain vu la nature de mon poste. Mais si c’est le cas, je pense que je vais me faire ce petit plaisir 😉 Quant à la pédagogie Montessori, les expériences menées en maternelle se multiplient… nous commençons à l’évoquer avec certains collègues de la maternelle et même s’il ne sera pas possible de mettre en oeuvre du tout Montessori en raison des contraintes liées notamment à la taille de l’école, aux obligations (récréations, salle d’évolution, etc.) et aux nombres d’intervenants disponibles, l’idée de s’en inspirer pour changer certaines pratiques de classe fait son chemin ! Cross fingers ! Au plaisir

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *