L’humiliation comme méthode éducative, et si la punition n’était pas adaptée ?

éduquer sans humilier, sans punir - photo d'Artyom Kabajev pour Unsplash

Éducation permissive vs éducation autoritaire, de nos jours les adeptes de ces deux approches s’affrontent par clashs interposés. Mais est-ce vraiment notre combat à nous parents ? Et si, entre ces deux méthodes, il existait la nuance, le juste milieu qui mettrait tout le monde d’accord ?

Ces effets pervers de la punition qui devraient vous alarmer

Votre enfant, du haut de ses deux ans, vous tient tête et lève la voix sur vous. Mais depuis sa punition au coin, il a compris la leçon et n’a plus recommencé. Satisfait·e de vous-même, vous vous confortez dans l’idée rassurante de la pertinence de cette méthode éducative. Souvent, nous nous arrêtons sur les effets à court terme et immédiats des sanctions. Mais rappelez-vous ces moments où, petit·e, vous avez été réprimé·e. Comment vous êtes-vous senti·e ? Jane Nelsen, psychologue américaine de renom, schématise les résultats qui découlent des corrections avec les 4 R de la punition : 

  • Rancœur : l’enfant ressent un sentiment d’injustice et se dit qu’il ne peut pas faire confiance aux grandes personnes.
  • Revanche : l’adulte a eu le dessus sur lui, mais la prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça.
  • Rébellion : il décide d’accomplir exactement l’inverse pour vous prouver que vous ne pouvez pas l’obliger à se soumettre. 
  • Retrait : son estime personnelle diminue, il se promet de ne plus se faire prendre les autres fois.

Sur le long terme, la punition va orienter inconsciemment l’enfant vers des comportements inappropriés, puis s’enraciner dans sa personnalité.

éduquer sans humilier - citation de Jane Nelsen

Mais avant, ça marchait !

Depuis la fin des années 1960, nous assistons à un bouleversement de nos sociétés. La bonne vieille éducation à l’ancienne de nos parents semble de plus en plus inadaptée à ces changements. L’autorité à tous les niveaux est discutée, remise en question. Le papa qui auparavant n’avait jamais osé tenir tête à son patron, conteste. L’épouse s’affranchit de plus en plus des opinions et décisions de son mari… Les adultes n’apparaissent eux-mêmes plus comme des modèles de soumission et de docilité. Chacun aspire à plus de justice et de dignité dans le rôle qu’il occupe dans la collectivité. Et c’est tant mieux ! N’oublions pas que nos petits bambins sont des éponges et s’imprègnent automatiquement de leur environnement familial et sociétal…

Le temps de pause ou Time Out pour éviter de résoudre les problèmes à chaud

Une des alternatives à la punition, suivant l’âge de l’enfant et le contexte de la situation, est le temps de pause. Vous pouvez aménager un coin chaleureux dans une pièce pour vous ressourcer et vous calmer. Cette pratique ne se limite pas à l’enfant. Le petit constate à ce moment-là que l’adulte a aussi besoin parfois de gérer son trop-plein d’émotions. Il peut de ce fait mieux s’identifier et aborder cet outil non plus comme une sanction, mais comme une aide.

La notion de Time Out ne se cantonne pas à l’idée d’aller se calmer ailleurs. Pour les plus grands, le temps de pause peut consister à attendre une réunion familiale. Cela permet de discuter du problème rencontré, une fois que la pression est redescendue. Dans son livre, La discipline positive, Jane Nelsen évoque le cas d’une éducatrice qui avait mis à disposition des élèves un cahier. Dès lors qu’un enfant se sentait énervé, il se levait et notait la chose dont il souhaitait parler lors des moments d’échange. Mais il n’existe pas de solution toute faite. Si cette éducatrice a constaté l’utilité de la mise en place de cet outil, d’autres témoignages indiquent qu’il ne faut pas se confiner à une méthode. L’encouragement ou la communication et l’écoute active se montrent également efficaces pour dénouer une situation difficile avec un enfant.

Mais faut-il encore bien comprendre les principes de l’éducation non violente…

Être parent s’apprend au fil des années, des expériences et des lectures. Il convient donc de s’informer tout en conservant son esprit critique et en contextualisant. Nombreux sont les adultes qui, par mauvaise interprétation ou faible connaissance d’une approche éducative, basculent dans l’excès. Il ne s’agit pas de tomber dans une éducation permissive où l’enfant est roi. Il est évidemment primordial de veiller au respect des limites des parents ainsi qu’aux droits des autres. L’adulte prend soin de préserver les valeurs importantes pour lui. Il s’assure que le message d’amour est toujours présent dans ses attentes et ses demandes. L’échange, la curiosité, l’affection demeurent les piliers de sa relation avec son petit.

Gardons à l’esprit que nos enfants sont les grandes personnes de demain. Les problèmes rencontrés aujourd’hui se complexifieront dans le futur. Alors, veillons à ne pas nous inscrire dans une démarche de contrôle ou d’assistanat. Prenons soin de rester le copilote, l’accompagnant qu’il souhaite avoir à ses côtés.

Et toi, comment allies-tu « discipline » et « bienveillance  » ?
Partage avec nous tes réflexions sur les alternatives à la punition.

 

Article invité rédigé par Anne-Laure Sicé

Elsa B

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