Cette année, en tant que maîtresse supplémentaire, je co-interviens chaque semaine dans les classes de CP, pendant environ 45′ afin d’amener progressivement les élèves à produire de l’écrit.
Pour ce module, je me suis énormément inspirée du travail réalisé par mes collègues d’une autre école du REP+ où j’enseigne. J’ai mis du temps à me lancer, ma collègue a dû me présenter le travail mené à deux reprises, en nous montrant des exemples concrets pour que je puisse m’approprier le principe.
Produire de l’écrit mobilise plusieurs compétences : l’écriture manuscrite, la segmentation en mot, la ponctuation, le sens et l’encodage. Il convient de cibler quelle(s) compétence(s) travailler en priorité afin de savoir quelles aides, quels outils mettre en place pour que les autres compétences ne soient pas bloquantes, ne créent pas un obstacle insurmontable.
Produire de l’écrit est par ailleurs essentiel dans le processus d’apprentissage de la lecture.
Les séances s’articulent systématiquement autour de 3 temps :
Temps 1 : présentation de la situation d’écriture, découverte collective, explication, repérages visuels et auditifs
Temps 2 : phase orale très importante pour que les élèves s’approprient la structure travaillée, mais aussi inventent, imaginent, etc.
Temps 3 : passage à l’écrit
En période 1, nous avons travaillé essentiellement avec des étiquettes mots, afin de repérer les indices visuels de ponctuation, de phonèmes/graphèmes, afin d’assurer la notion de mots et de construire des phrases ayant du sens. Nous sommes partis d’images PEMF qu’il s’agissait de légender avec une simple phrase.
Cet article est illustré d’exemples pris dans les cahiers, tant chez des élèves fragiles que chez des élèves sans réelle difficulté. Cela permet d’avoir une idée plus précise de ce que l’on peut attendre des élèves au fur et à mesure de l’année.

CP – début Octobre – Elève fragile – Au préalable, une image similaire (un éléphant qui a mal ; un chameau qui fume la pipe, etc.) est proposée avec sa phrase et est travaillée ensemble. Puis, l’image qui sera proposée pour écrire est présentée et on réfléchit ensemble à la phrase que l’on pourra alors écrire en reprenant les mots de l’image exemple. Ce n’est qu’ensuite que seront données les étiquettes mots. Lorsqu’il est demandé aux élèves de recopier la phrase, ce n’est pas tant le geste graphique qui est observé (nous ne sommes pas en écriture) que la façon dont les élèves segmentent ou pas en mots, s’attachent à mettre la majuscule et le point.
Dès cette période, un temps important d’oral précède le travail écrit. La phrase qui sera produite à l’écrit est répétée par plusieurs élèves, les mots sont comptés, etc.

CP – novembre – élève très fragile – On remarque les traits sous les mots. Ceux-ci sont réalisés par un des enseignants ou assistants intervenant dans la classe en fonction du nombre de mots annoncés par l’élève et validés par l’enseignant au cours d’un échange duel.
Progressivement, plus d’étiquettes mots, mais une structure de phrase simple (dans l’exemple ci-dessus, l’image initiale est une poule qui fait du ski). Chacun produit ensuite la phrase correspondant à l’image donnée, puis peut inventer d’autres phrases reprenant la structure.
Puis progressivement, au cours de la période 2, nous avons travaillé sur des structures génératives à partir notamment des livres « histoire de mots » de PEMF. Le serpent affamé permet ainsi à chaque élève, sur une structure très simple, de créer sa propre phrase.
Nous avons introduit à ce moment-là, le tableau que j’ai qualifié de phono-orthographique. Il est basé sur le principe du dictionnaire Eurêka. L’entrée se fait par le premier son du mot.

Exemple d’usage du tableau dans les premiers temps – Nous le projetons sur le TBI et écrivons les mots au feutre, en attaché. Ici, les mots outils sont encore dans le tableau, mais progressivement, ils ne seront plus proposés que via l’affichage de la classe.
Pour télécharger la version word du tableau : Tableau des sons – orthographe
Ainsi, entre la phase orale et la phase écrite, nous prenons le temps de décider ensemble des mots que nous allons écrire dans ce tableau, de leur place. Au moment d’écrire, les élèves ont tous les mots nécessaires à leur disposition. A eux de les retrouver dans le tableau. Pas de souci d’encodage car notre production d’écrit n’est pas basé sur cet objectif. La bonne orthographe est donnée aux élèves.
Nous avons ensuite travaillé en fin de 2e période, puis au début de la 3e, sur la structure « Si j’étais » : si j’étais une couleur en séance 1, puis si j’étais un animal en séance 2, si j’étais un métier en séance 3 et enfin, si j’étais un « nom d’un animal », je « ferai, sauverai, mangerai… ».

CP – décembre-janvier – élève sans difficulté – on notera le changement d’écriture !!! Elève très inspiré généralement et qui préfère produire ses propres phrases.

CP – Janvier – Travail autour de la structure Si j’étais… pour un élève fragile – un énorme travail oral précède la phase écrite. Chaque enfant propose une phrase, puis l’on retient 3 phrases pour lesquels on donne l’orthographe des mots.
Nous avons ensuite réalisé une séance autour de la structure « Je voudrais être » à partir du livre homonyme de PEMF.
Pas facile de changer de structure, le « si j’étais » revenait en force !
Tant que les élèves ont besoin des traits pour écrire leurs phrases, nous passons les leur tracer après s’être mis d’accord avec chacun sur la phrase qu’il souhaite écrire et le nombre de traits nécessaires. A chaque trait correspond un mot : l’idée est de les amener progressivement à segmenter seuls les mots de leurs phrases. Souvent, ils demandent les traits pour la première phrase et se lancent seuls pour les suivantes. Petit à petit, nous essayons de les pousser, lorsque nous les sentons prêts, à se passer de cette béquille.
Par ailleurs, ils doivent faire leur majuscule de début de phrase en vert, comme un feu vert qui autorise à démarrer et mettre le point final en rouge.

CP – fin janvier – élève très fragile – travail autour de la structure « Je voudrais être »
Enfin, pour les mots outils, nos collègues utilisent dans l’autre école, un système d’étiquettes accrochées à un anneau : chacun dispose de son éventail de mots outils, éventail qui se remplit à chaque période, mais qui en parallèle, diminue également, les mots connus tant en lecture qu’en écriture par cœur étant enlevés de l’éventail pour l’alléger (ce qui nécessite une évaluation régulière de là où en sont les élèves). Dans notre école, nous avons opté pour des étiquettes collectives aimantées, affichées au tableau. La plupart des mots outils utilisés sont par ailleurs connus, car travaillés en dictée et très régulièrement employés en production d’écrit.
En fin de période 3 et début de période 4, nous avons travaillé sur la structure « Dans…., il y a …. » à partir d’une Histoire sombre, très sombre de Ruth Brown, du poème de Paul Eluard « Dans Paris » et du début du livre « La grosse faim du P’tit Bonhomme » : 3 séances sur cette structure et des productions parfois très longues pour certains élèves inspirés.
Pour le livre de Ruth Brown, n’ayant pas réussi à mettre la main sur le livre à temps, je suis partie de cette vidéo d’une histoire sombre, très sombre, en la projetant au TBI, coupant le son et lisant moi-même le texte.
Puis nous avons inventé un enchaînement de phrase, en partant de l’école ou de la rue ou encore du jardin, etc.

CP – début février – élève fragile qui ne passe toujours pas au cursif de lui-même… mais ce n’est pas notre objectif sur ce travail !

CP – début février – élève sans réelle difficulté, lecteur moyen, très inspiré ce jour-là ! On note l’absence de traits pour les mots, cet élève n’en a plus besoin.

CP – début février – élève sans réelle difficulté, moyenne lectrice.
Nous travaillons actuellement sur Les crêpes de PEMF : progressivement, nous allons essayer de produire la question ET la réponse.
Actuellement, tous les élèves sont capables, même pour les plus en difficulté de produire au moins une phrase de 6 à 8 mots. Les élèves fragiles en sont à deux phrases et certains ne s’arrêtent plus !
Progressivement nous essaierons de les mener vers la production d’écrit à partir d’images séquentielles.
Ne pas oublier de les autoriser à dessiner ce qu’ils ont écrit s’ils en expriment l’envie. En début d’année, la récompense était de pouvoir colorier la petite image qui accompagnait leur phrase.
Ce protocole est difficilement réalisable en classe entière avec un seul intervenant. Idéalement, c’est 8 à 9 enfants par adulte maximum, mais cela peut faire l’objet du coup, d’ateliers, si l’école ne dispose pas de moyens supplémentaires.
C’est la régularité, la répétition, la douce progression dans les lanceurs d’écriture proposés qui favorisent les progrès.
En parallèle, nous menons chaque semaine une séance d’inférences pour travailler la compréhension. Cela fera l’objet d’un autre article. La production d’écrit tient une place de plus en plus grande au fil de l’année dans ce module inférences.
En complément, je vous conseille l’article de l’école de Julie : Apprendre à lire et à écrire. Cet article fait notamment référence aux écrits et recherches d’Ouzoulias, sur lesquels nous nous basons énormément pour mener nos modules de lecture et écriture au cycle 2 dans nos écoles.
3 Comments
ptitejulie
1 novembre 2016 at 23 h 47 minCoucou!
Je découvre ton blog, je reviendrai!
C’est super intéressant de voir un fonctionnement, à la fois avec beaucoup de similitudes, et beaucoup de différences avec le mien!
Merci pour ton outil orthographique, ça donne à réfléchir… Et merci pour ta réponse au questionnaire aussi!
Hello World! https://national-team.top/go/hezwgobsmq5dinbw?hs=0ce33b40dd0fd0756c5577caacb88fd9&
26 juin 2023 at 16 h 51 minkdub33
Jeu pour réviser la conjugaison | Mon Pass Conjugaison
31 août 2023 at 10 h 45 min[…] gestes pour améliorer ses performances, l’apprentissage du français, de la grammaire à la production d’écrit, et des mathématiques passe par l’entraînement. Apprendre par cœur ne sert à rien si on […]