Les bébés et les jeunes enfants adorent les comptines. Celles-ci ont de multiples intérêts. Elles peuvent calmer l’enfant. Elles l’aident à développer son langage, sa musicalité, son rythme, son écoute. En tant que parents, on utilise donc souvent des comptines enregistrées. Et si vous chantiez vous-même quelques-unes de ces comptines à votre enfant ? Vous n’osez pas, vous pensez chanter faux ? Osez, entraînez-vous, respirez, au pire, utilisez le support musical en fond, mais lancez-vous ! Vous allez passer un moment intense avec votre enfant. Et pour faire de cet instant, une activité captivante, ajoutez des signes à vos comptines ! Pourquoi signer les comptines ? Et comment le faire ? Je vous donne quelques pistes dans cet article.
Pourquoi signer les comptines ?
Interpréter vous-même des comptines pour votre enfant va vous permettre de tisser des liens forts avec lui. En ajoutant des signes sur les mots-clés de la comptine, vous allez établir une communication profonde avec lui alors même qu’il n’est pas forcément en âge ou en capacité de s’exprimer verbalement.
L’ajout d’une gestuelle à une comptine permet de la théâtraliser, de lui donner une présence pas seulement auditive, mais également visuelle. L’attention de l’enfant est d’autant plus captée.
En choisissant des gestes issus de la langue des signes pour appuyer visuellement les paroles de la comptine, vous donnez à votre enfant des clés pour communiquer alors qu’il ne peut pas encore parler.
Le français signé, puisqu’il s’agit de ça lorsqu’on parle de comptines signées, ouvre les portes de la communication. Il intrigue l’enfant qui a envie d’imiter avec ses mains.
Nous ne parlons donc pas de langue des signes, puisque les comptines signées ne sont pas exprimées en lsf. La langue des signes a sa propre grammaire avec des constructions de phrases spécifiques qui ne sont pas reprises dans les comptines. Le français signé vient emprunter des mots, seulement des mots, à la lsf. Mais rien que ce fait permet aussi de créer un pont vers les personnes malentendantes, de rendre ce temps de comptines, lorsqu’il est pratiqué en classe, inclusif. Enfin, contrairement à la lsf, le mot est signé et prononcé oralement en même temps.
Le français signé que l’on retrouve dans un des pans du Makaton, programme d’aide à la communication et au langage utilisé par les orthophonistes pour les personnes atteintes de dysphasie (quelle qu’en soit l’origine) contribue ainsi au développement du langage et de la communication de tous les jeunes enfants. Ceux qui en éprouvent le besoin s’en emparent sans que cela retarde l’apparition du langage verbal. Au contraire, c’est un excellent soutien au développement de ce langage.
Mais alors, comment se lancer ?
Conseil n°1 : regarder les vidéos de comptines signées
Dans un premier temps, je vous invite à regarder les nombreuses vidéos de comptines signées qui existent sur le web. Vous en trouverez sur la chaîne Mes Petits Curieux, mais également chez :
Il existe bien d’autres chaînes qui proposent des vidéos de comptines signées, n’hésitez pas à fouiller.
Vous pouvez également, dans un premier temps, vous entraîner à dire / chanter avec une gestuelle grâce à des jeux de doigts, sans que cela soit pour autant du français signé. J’ai toujours mis les comptines en gestes sans pour autant utiliser au début le français signé.
Je m’inspirais beaucoup de la playlist de Marie Brignone et des comptines classiques comme Monsieur Pouce.
Découvre l’article sur les comptines à illustrer pour les 2-3 ans.
Conseil n°2 : choisir les mots-clés à signer dans les comptines
Vous avez repéré une comptine qui plaît beaucoup à votre enfant. Soit vous trouvez sa version signée sur le net et vous n’avez plus qu’à apprendre les gestes. Soit elle n’existe pas avec les signes. À vous de les ajouter.
Repérez les mots forts de la comptine et adaptez le nombre de mots signés, à l’âge de l’enfant.
Par exemple, « une souris verte, qui courait dans l’herbe ». Le mot « dans » est un petit mot très intéressant, mais pour un bébé, il ne sera pas forcément nécessaire de le signer pour ne pas le noyer dans trop de signes. Si l’enfant est plus âgé, vous pouvez le rajouter.
Conseil n°3 : s’entraîner à réaliser les gestes pour signer les comptines
Vous avez repéré les mots à signer. Il va vous falloir vous entraîner à la réaliser. Ce n’est pas la partie la plus évidente, car malheureusement, tout le monde ne signe pas exactement les mêmes mots de la même façon. Personnellement, n’ayant pas été formée à la lsf, il se peut que je réalise mal un geste malgré toutes mes recherches et tous mes efforts. Et en lsf, chaque position a son importance. Un même signe réalisé avec une position différente des doigts aura une autre signification.
Utilisez des ressources fiables pour valider les signes. J’utilise le site de Dico Lx, les comptes Instagram de Lyla Signes, Little Bun bao, Typhaine Ler, Comment ça se signe, Makaton France, etc. Je vérifie sur plusieurs ressources lorsque je doute sur la réalisation d’un geste.
Par exemple, jouer et jeu se signent presque pareil… c’est le « presque » qui encore aujourd’hui me pose un problème, je vous avoue !
Conseil n°4 : mettre les gestes en voix en signant ses premières comptines
Vous vous êtes bien entraîné à réaliser les différentes gestes, il va maintenant falloir associer la voix aux signes. Vous blêmissez ? Pas d’inquiétude ! Essayez, vraiment, de vous passer de bandes sonores. Chantez, chantonnez vous-même. Pourquoi ? Parce que vous allez tout simplement pouvoir adapter la vitesse de la chanson et ça, c’est magique pour pouvoir tranquillement mettre en gestes.
Regardez les vidéos sur mon compte Instagram notamment. Je vais toujours bien plus lentement que n’importe quelle comptine reprise en musique. D’ailleurs, en classe, lorsque nous travaillions une comptine avec les élèves pour la première fois, je la décomposais. Et petit à petit, jour après jour, nous pouvions mettre un peu plus de rythme.
Conseil n°5 : oser et théâtraliser les comptines signées
Et ensuite ? Vous voilà prêt·e, enfin presque. Est-on jamais prêt ? Non, finalement, on pourra toujours s’améliorer. Alors faites fi du perfectionnisme et lancez-vous. Mon crédo, c’est « vaut mieux fait que parfait ». De toute façon, si vous n’essayez pas, vous ne saurez jamais si cela plaît.
Vous avez peur de vous tromper ? Et alors ! Combien de fois ai-je oublié une parole, n’ai-je pas fait le bon geste en classe ? Je vous rassure, tout le monde est encore vivant. On s’arrête, on rigole un coup, en disant « mince, je me suis trompée. Attends, il faut que je regarde comment on fait ce signe » et on recommence. On se trompe encore ? Le comique de répétition, ça fonctionne bien avec les jeunes enfants !
Donc, allez doucement et… théâtralisez ! Vous l’aurez vu dans les vidéos de mots et comptines signés, la gestuelle ne passe pas seulement par les bras, les mains, les doigts, leurs positions. L’expression du visage est primordiale. Il va permettre de communiquer énormément d’information, ce visage : la colère, la peur, la surprise, la joie, la timidité, la gourmandise. Jouez avec votre visage, les enfants, les bébés y sont très attentifs et réceptifs.
Prêt·e à signer les comptines ?
C’est bon, vous êtes d’attaque pour vous lancer ? Vous êtes convaincu·e de l’intérêt de signer les comptines ? Alors, on récapitule les étapes :
- Regardez des vidéos de comptines signées pour s’imprégner et oser chanter et signer ses premières petites chansons.
- Si la comptine préférée de votre enfant n’existe pas en version signée, à vous de jouer. Identifiez les mots-clés de cette comptine.
- Apprenez à réaliser les signes associés à ces mots-clés à l’aide de ressources fiables.
- Associez votre voix aux signes travaillés. Commencez doucement, mais sûrement.
- Lancez-vous devant un public de toute façon acquis à votre cause, vos enfants ou vos élèves. Et n’oubliez pas, théâtralisez ! Exagérez les mouvements et modulez votre voix.
N’hésitez pas à venir me faire des retours en commentaires de vos expériences en matière de comptines signées.
Découvrez également comment accompagner les comptines simplement avec un ukulélé ou des instruments colorés, grâce :
- au programme « J’apprends le ukulélé à l’aide des comptines : ukubébé niveau 1 » ;
- les livrets de comptines pour ukulélé et instruments colorés de Florence.